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La Distro de la Zone

1 juin 2007

Chronique distro : Gâtechien, Dälek, Destructo Swarmbots, Uzul, Picore et Kill the Thrill

* Chronique parue dans le bulletin de la zone (juin 2007) *

Pour écouter : 

         Et hop ! Une dernière chronique distro pour marquer la fin d'une saison qu'on n'a pas vu passer une fois de plus. Commençons par un retour sur le 15 mars au Tipi (ex La Hune, ex Autour du Cirque,...) " nouvel " endroit pour faire la fête en Roture qui accueillait le duo basse/batterie post rock/noise Gâtechien grâce aux bons soins du collectif Jauneorange. Même si on n'aurait rien contre le fait d'abattre un mur histoire de pouvoir être à l'aise en cet endroit, on ne va pas bouder le pied que l'on a pris lors de ce concert. Du coup, la distr'oï ne pouvait laisser passer l'occase de choper quelques plaques du groupe. L'écoute de celles-ci le lendemain (ou surlendemain) du live ne rendant pas entièrement la puissance ou la folie dégagées lors de celui-ci, on laisse reposer avant d'y revenir et de constater que même si le duo ne bénéficie pas des services d'un Albini en studio, ils s'en sortent quand même avec les honneurs dans la catégorie " post noise rock ". A la fois furieux et mélodique, sous haute influence Jesus lizardienne clairement assumée, le duo fait très bonne figure dans une ménagerie où s'ébattent le Singe blanc, Chevreuil, Cheval de Frise et consorts. (Gâtechien " 2 " + Gâtechien " Trois " /Keben recs/Milk recs/www.gatechien.tk). 

         Changement de décor et de style pour le concert de Dälek à la Zone, tellement attendu (en tout cas je parle pour moi) et finalement un peu décevant. Tout comme le dernier album où les angles ont été arrondis pour rendre la chose plus accessible. Fini le déluge sonore, au revoir les tonalités industrielles et noise car manifestement le groupe ne voulait pas aller plus loin dans cette direction. Donc on calme le jeu même si cela reste intéressant au niveau du flow comme au niveau de certaines sonorités. On y trouve encore quelques expérimentations mais aussi des passages carrément ambient qu'on jurait sortis d'un titre de Boards of Canada. On peut trouver pire comme référence mais à choisir on préfèrera les albums précédemment parus soit " From the filthy tongues of Gods & Griots " et surtout " Absence " tous 2 également disponibles à la distro à des prix ultra bas. (Dälek " Abandoned language "/Ipecac recordings/www.deadverse.com). 

         Et si vous étiez présent au concert de Dälek, vous aurez peut-être remarqué le jeu " tout en nappes " du discret guitariste additionnel ? Et bien le guitariste en question a aussi créé son propre projet d'ambient spatiale classée par certains à mi-chemin entre Cabaret Voltaire et Spacemen 3. Personellement j'y vois plutôt une sorte de Tangerine Dream contemporain s'il fallait jouer aux étiquettes. (Destructo swarmbots " Clear light "/Public guilt/www.destructoswarmbots.com). 

         On continue à parcourir l'affiche en sens inverse avec Uzul, projet de Steph de Kaly live dub où il s'occupait déjà des machines. Ici, il s'adjoint les services d'un guitariste/bassiste et de quelques chanteurs ou mc's pour un très bon projet d'electro-dub métissé de diverses influences ethniques qui nous font faire le tour du monde tout en restant à la même place. Escales prévues à Mostar, Bucarest, Saïgon, Bagdad,... (Uzul prod. " Travelling without moving "/Expressillon/www.uzulprod.com). 

         Poursuivons avec Picore, un projet qui remplaçait Uzul sur certaines dates de la tournée de Dälek. Le nom est amusant mais cohérent si on y regarde de plus près puisque le groupe picore divers éléments à gauche et à droite pour en faire une nouvelle mouture. Trip hop, noise, indus, enrichi de clarinettes et de trompettes, chanté tantôt en français, tantôt en anglais, un projet intéressant et décalé par certains aspects (morceau brutalement terminé par un cut bien sec, étonnante vision rétro futuriste de l'agro-industrie d'aujourd'hui). Bref, un projet plus singulier qu'on ne le penserait à la première écoute . (Picore " L'hélium du peuple "/Jarring fx/www.picore.biz). 

         Et on termine avec Kill The Thrill qui ouvrait pour la tournée de Dälek. Difficile d'accès pour toute une partie du public qui n'attendait manifestement que la tête d'affiche, il est vrai que le groupe donna un set probablement un peu trop linéaire sur la longueur. L'écoute de leur dernier album me laisse un peu mitigé bien que j'avoue être fan du groupe depuis de nombreuses années. Certes, leur musique est toujours aussi tendue, pleine d'émotions à fleur de peau, sombre et oppressante mais elle semble aussi ne pas avoir énormément évolué. Je retrouve le groupe pratiquement tel que je l'avais laissé il y a une dizaine d'années au moment du magistral album " Low " qu'on a récupéré en distro (tout comme l'album " Dig " d'ailleurs) et que je vois comme leur chef d'œuvre. Evidemment on peut parler de cohérence dans la continuité mais aussi peut-être d'immobilisme, à chacun de se faire son avis. (Kill the thrill " Tellurique "/Seasons of mist/killthethrill.free.fr). 

         Sur ce, trêve de blabla, bons festivals, bons barbecues et bonnes vacances ! 

         Phil 

         Pour lire : 

         " Salut à toi, " Collectiviste " ? Tiens, on dit comment? Membre d'un collectif ? Membre, alors tu fais partie d'un groupe ? Des copains !? Et vous faites quoi, collectivement ? Vous êtes actifs !? Et vous réflechissez ?! C'est qui le boss ? Collectif ? Ça fait un peu communiste quand même. Vous êtes beaucoup ? Et ya pas de chef ? Des assemblées, pfffff, pour décider ? Vous votez, et tout ? Démocratiquement ? Et vous vous entendez bien ? Ya pas, des bisbrouilles ? Des embrouilles ? Ah !, vous parlez beaucoup ! C'est usant ! Tu as l'air d'avoir besoin de te reposer. C'est pire que le boulot ! Pourquoi tu te crèves comme ça ? Association sans but lucratif ? Ben, si ce n'est pas lucratif..... C'est bien la peine ! Sinon, vous faites quoi, exactement ? " 

         Collectifs, microcosmes en devenir, ou qui en sont revenus... Je vous propose de bien vous installer, de prendre le temps et de plonger dedans. 

         Micropolitiques des groupes : pour une écologie des pratiques collectives de David Vercauteren ; en collaboration avec Thierry Müller et Olivier Crabbé. HB Editions, mai 2007, (collection politique(s)).
Auteurs : micropolitiques@collectifs.net
Editeur : www.hb-editions.com


         Frédé

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1 mai 2007

Chronique distro : Fear Drop, Idiosyncratic Rec., Phil Maggi

* Chronique parue dans le bulletin de la zone (mai 2007) *

Une fois n'est pas coutume, on démarre cette chronique par un cri d'alarme pour tenter de sauver l'un des plus anciens fanzines français spécialisés, j'ai nommé Feardrop. Vous n'êtes pas sans savoir que la diffusion musicale ainsi que le support de reproduction musicale ont bien évolué depuis plus d'une dizaine d'années (développement et accessibilité d'internet, copies de cd facilement et rapidement réalisables, mp3, téléchargement gratuit,...) amenant nombre de disquaires spécialisés ou même généralistes disposant d'un rayon spécialisé à fermer boutique. Ce qui signifie une diminution de plus de la moitié des points de vente du Feardrop, si bien que le numéro 13 pourrait bien être le der des ders. Comment réagir pour tenter d'éviter cela ? Plusieurs solutions s'offrent à vous. Vous pouvez passer à notre bonne distro pour vous procurer certains fanzines et productions du label. Vous pouvez également contacter directement Denis Boyer à l'adresse fear.drop@orange.fr oufario.label@orange.fr afin de passer directement commande. Par ailleurs l'ouverture d'un site www.feardrop.net présentera les différentes productions de Feardrop/Fario ainsi que les moyens de paiements (virement, chèque, paiement électronique) disponibles. Autre possibilité encore, la souscription. Pour ceux et celles qui ne connaissent pas le principe, il s'agit de payer avant la sortie du fanzine afin de financer celle-ci. Bon d'accord me direz-vous, mais qu'y trouve-t-on au sommaire de ce Feardrop n°13? Janek Schaefer, Rapoon, un superbe hommage à John Balance (Coil) disparu en 2004, K.K. Null, Lionel Marchetti, Toy bizarre, Reformed faction (reformation du mythique Zoviet France), etc etc. Comme d'habitude un cd accompagne le zine histoire d'écouter de quoi on cause, et on a également droit à un livret hyper complet de chroniques de cd/dvd/démos (FEARDROP n°13/Edition Jeunes Garennes/www.feardrop.net). 

         Et si l'on s'inquiète des difficultés rencontrées par un zine de grande qualité que l'on distribue et défend depuis de nombreuses années, on se réjouit par contre de l'envol pris par le label Idiosyncratic Records via cette première sortie et carte de visite en forme de compilation 13 titres. L'initiative émanant d'un lecteur/auditeur assidu du Feardrop (et par ailleurs membre de Idiosyncrasia et Y.E.R.M.O.), on ne sera pas surpris de trouver des similitudes dans leurs tracklists respectives. Ainsi figurent notamment sur cette compil K.K. Null, Rapoon et Janek Schaefer. Mais on y trouve aussi Charlemagne Palestine qui mêle avec humour samples orgasmiques et ambiances rurales, Jazkamer intense et éprouvant noisy drone de 5 minutes ou encore Steffen Basho-Jungens et son folk minimal répétitif. Et puis comme on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même, n'oublions pas la présence de Eve and the Sickness (dark ambient onirique et brumeuse) et Idiosyncrasia (du pur drone sur ce titre) tous deux membres du collectif Idiosyncratics. Bref, un beau panel d'artistes internationaux (UK, USA, UKR, JAP, NOR, DE, FR,...) qui devrait captiver les amateurs de drones, de soundscapes étranges ou méditatifs, d'abstractions et de créations musicales plutôt originales ("IDIOSCAPES"/Idiosyncratic records/www.idiosyncratics.net). 

         Puisque l'on parlait d'Idiosyncrasia et Eve & the Sickness, qui peut me dire le point commun entre ces 2 formations ? C'est Phil Maggi que l'on retrouve dans l'une comme dans l'autre et qui développe également un projet personnel sous son propre nom. C'est sur le récent label Young Girl Records qu'il sort "The initials of Jesus Christ" cd-r de 13 courtes pièces enchaînées pour ne former qu'un tout articulé autour d'extraits de films de Jean Cocteau ("Orphée" et "Le testament d'Orphée") et de leur musique. Il décrit son travail comme "Un conte, une recherche sur le larsen et la décadence du son à partir d'une substance poétique et mélodramatique". Difficile d'en dire plus, mais vous aurez compris qu'on navigue dans l'expérimental et le conceptuel. Avis aux amateurs donc! (PHIL MAGGI "The initials of Jesus Christ"/Young girl records/www.myspace.com/philmaggi)

17 avril 2007

Chronique : The Feeling of Love, King Automatic, Bananas At the Audience

* Article paru dans le bulletin de la zone (avril 2007) *

On ouvre cette nouvelle chronique distro avec quelques plaques sélectionnées pour le plus grand plaisir de vos oreilles. 

         Commençons par un flash-back sur la soirée one man band où l'on retiendra surtout les performances de Feeling of Love et de King Automatic. Le premier nous a laissé un maxi cdr 3 titres enregistré sur 4 pistes en utilisant apparemment juste une guitare, sa voix et une boîte à rythmes. Le résultat est bien rock'n'roll et basique à souhait avec un son bien crade et quelques larsens de-ci de-là. Ca sature joliment et c'est comme ça qu'on l'aime (THE FEELING OF LOVE "The semen session"/www.myspace.com/the feelingoflove). 

         Mieux encore, King Automatic dont la performance a marqué de manière indélébile nos cerveaux, nos yeux et nos oreilles. Sur scène le lascar chante, joue de la guitare, de l'orgue, de l'harmonica et de la batterie, tout ça en même temps ! Serait-ce une pieuvre ou une créature mutante échappée d'une foire aux monstres pour réussir ce genre de prouesses ? Que nenni ! Le bougre utilise judicieusement des pédales-sampler lui permettant de boucler successivement un riff de guitare, une mélodie à l'orgue, quelques notes d'harmonica, ... pour construire des morceaux aussi complets que s'ils avaient été joués en groupe. C'est pas beau la technologie quand même ? Cela permet en tout cas à notre gusse de se faire passer pour les Animals à lui tout seul. Sur disque, on a droit en plus des instruments déjà cités à du xylophone, du sax et de la harpe. Une panoplie assez complète pour un r'n'r pur jus plein de bonnes intentions comme le laissent entendre les titres "Stop working" (!), "Two grams" (!!), "Coffee and speed" (!!!). Bien bel exemple pour la jeunesse désoeuvrée de nos jours, n'est-il pas. (KING AUTOMATIC "I walk my murderous intentions home"/Voodoo Rythm/www.kingautomatic.com

         Précisons qu'on a reçu d'autres disques à cette soirée (cd, lp, ep) que ceux chroniqués ci-dessus, mais le manque de temps ou de place ne nous permet pas de tout chroniquer ici. Après cette parenthèse, on passe à quelque chose de plus noise avec Bananas at the audience. Après 2 albums autoproduits chroniqués en ces pages en leur temps, ils ont trouvé refuge sur le label lyonnais S.K. records (Ned, Doppler, Mary Poppers, ...) et ce n'est que largement mérité. Les B.A.T.A. sont un des meilleurs groupes de la scène bruitiste française et ne se contentent pas de reproduire les efforts de leurs aînés officiant dans les années 90. Leurs morceaux sont construits sur des charpentes rythmiques solides et diversifiées par-dessus lesquelles se greffent les riffs de guitare, les samples (ou ce qui y ressemble) et cette voix si particulière avec son timbre un peu soul (emo diront certains mais c'est peut-être un peu réducteur ici). Bref, B.A.T.A c'est un groupe noise rock bourré d'énérgie et d'inventivité à découvrir sur le champ (BANANAS AT THE AUDIENCE "Into the house of slumber"/SK records/attheaudience.free.fr). 

         Alors découvrez, bon sang, et répandez la bonne parole bruitiste autour de vous, faites en un hype ou ce que vous voulez mais faites quelque chose de grâçe ou je continue d'aligner les lignes jusqu'à ce que j'en oublie de quoi je parlais histoire d'embrouiller vos cerveaux qui n'avaient pas (alors là pas du tout) besoin de ça en plus de la dernière fois où. 

         STOP !

17 mars 2007

Chronique : Hitch, Super Elastic Buccle Plastic, Drain Pump Booster, Le Prince Harry

* Article paru dans le bulletin de la zone (mars 2007) *

Hello, 

         Quoi de neuf sous les spotlights de la distro? Tout d'abord Hitch qui, à l'occasion de leur passage début janvier en nos murs, ont veillé à réapprovisionner nos stocks en vinyles et en cds. Retour donc en nos bacs de "Monolith" et arrivée des deux derniers albums "Trails are ablaze" et "We are electric !" sans oublier le dernier single sorti en 2 éditions différentes et la compil de remixes sortie pour les 10 ans du groupe. Mais revenons plutôt sur leur dernier opus où le trio courtraisien post-hardcore confirme tout le bien qu'on pensait d'eux avec la même énérgie dégagée qu'auparavant mais peut-être mieux canalisée, mieux maîtrisée. Le son semble débarrassé de tout artifice inutile avec des basses bien rondes et des batteries bien sèches qui soutiennent des riffs incisifs à la saturation chaude et naturelle. Et si certains auront l'impression que "ça pète moins qu'avant", je leur conseillerais de se rendre à un prochain concert du groupe pour chasser cette fausse idée (Hitch "We are electric" /Vlas vegas recs/Moonlee recs). 

         S'il reste des sceptiques, je leur proposerais de se tourner vers le nouvel album des Italiens de Super Elastic Bubble Plastic.Vous vous souvenez comment ils avaient mis le feu à notre bonne salle en février 2006 ? Et bien ils ont remis ça en janvier dernier au Carlo Levi sauf que ça manquait cruellement de combustible humain comme nous n'étions pas plus d'une dizaine de spectateurs ! Qu'à cela ne tienne, les planches ça brûle aussi bien et le trio m'assurait qu'il avait passé un bon moment malgré l'audience fantômatique. La prestation donnée par le groupe ainsi que mon sens aigu du devoir m'ont d'ailleurs poussé à leur "soutirer" quelques plaques pour notre bonne distro. En interview, ils disent écouter Sonic Youth, Unwound ou encore Jesus Lizard, des influences que l'on retrouve effectivement dans leurs compos même si celles-ci semblent plus accessibles que celles de leurs modèles notamment dans les mélodies. Cela n'en reste pas moins du bon rock indie, tendu, assez sombre et bourré d'adrénaline (Super Elastic Bubble Plastic "Small rooms"/Redled records). 

         Plus nuancé et moins sombre, Drain Pump Booster utilise basse, violoncelle, guitare, saxo, batterie, voix et samples pour tisser un univers musical qu'on pourrait qualifier de noise décalée. Car si l'on y retrouve le terreau fertile déjà travaillé par bon nombre de leurs compatriotes français, celui-ci s'enrichit non pas d'une bonne dose de Substral mais bien de divers arrangements sonores bizarroïdes et de compos assez peu linéaires. Une instrumentation variée, des textes plutôt surréalistes et des samples amusants dont certains semblent provenir de vieux films français des 60's ou quelque part par là, voilà déjà pas mal d'atouts pour attirer les curieux(-ses) que vous êtes, pas vrai ? (Drain Pump Booster "Contestualizabille"/La Vache/Emil). 

         Mais on s'en voudrait de clôturer cette chronique sans mentionner la sortie du maxi vinyle 4 titres de ces chenapans de Le Prince Harry dont la démo fut chroniquée dans le bulletin de décembre. Quatre titres déjà présents sur celle-ci mais dont le son a été reboosté et qui sont emballés sous une pochette trashy réalisée par le collectif Plin Tub' (Le Prince Harry "We don't care, we are insolvents"/Plin Tub'). 

         Enfin nous ne passerons pas non plus sous silence la première soirée de «L'armée des bonbons" pour cette saison à la Zone suite à laquelle la distro s'enrichit de leur première sortie vinyle, le 45 t de Kania Tieffer "get flunky" et son electro-twist déviant. Soulignons aussi en vrac l'arrivage de quelques inclassables issus du réseau de DJ Motocross : de l'electro-ludique (Felix Kubin, Neoangin, Puyo Puyo, Ming...), de la noise (Sun Plexus,Kunt,...) et même du post-rock vitaminé (Tanté Fellipé). Voilà le compte y est, achetez-vous un panier et venez vite faire vos emplettes à la distro. On peut aussi regarder, toucher et écouter avant d'acheter ou encore ne rien acheter du tout. Étonnant, non ? 

Plus d'info cliquez :

17 février 2007

Chronique : High Tone, Zenzile

* Article paru dans le bulletin de la zone (fév. 2007) *

Avant de replonger tête la première dans nos beaux bacs rouges pleins de beaux disques, livres, fanzines,... une ou deux petites choses à préciser. 

         Notre distro ne prend en général qu'un nombre réduit de copies de chaque " article " ce qui peut expliquer qu'entre le moment où vous lisez une chronique d'un disque, zine,... qui vous plaît et celui où vous décidez de l'acheter dans notre distro, il soit déjà malheureusement épuisé. 

         Qu'à cela ne tienne, il nous est souvent possible de repasser commande au déposant pour en obtenir d'autres exemplaires. Il ne tient donc qu'à vous de nous le demander et avec un peu de patience et de chance (certaines fois cela est impossible) vous obtiendrez l'objet de vos rêves. Et si vous êtes plusieurs à vouloir dégoter le même article, c'est encore mieux car ça permet souvent d'obtenir des prix plus avantageux. Quant aux plus pressés, ils peuvent directement aller surfer sur le site du groupe. 

         Ceci étant dit, flash-back sur le chaleureux concert de High Tone où vous étiez nombreu(x)ses à onduler sur les rythmes électro-dub des lyonnais qui ont cartonné devant une salle comble. On ne pouvait laisser passer l'occasion de choper quelques pièces au passage. D'abord " Bass temperature " qui reprend trois anciens maxis du groupe sortis entre 98 et 2001 
(High Tone " Bass temperature "/Jarring FX). 

         Ensuite " Acid Dub Nucléik " en 2002 où le dub commence à se teinter de jungle ou d'autres expérimentations et nous file des fourmis dans les jambes (High Tone " ADN "/Jarring FX). Et on ne s'arrête pas là avec le " Re-processed #1 " où les compos de High Tone sont déconstruites, démantibulées, reconstruites et remixées par toute une clique avertie où l'on trouve des gens comme HybridSoundSystem, Le Peuple De L'Herbe, Interlope, ... Electro, hip hop, indus, jungle, drum & bass ; à chacun sa manière tant qu'on fait preuve d'inventivité mais attention, on boucle la ceinture à partir de la seconde moitié de l'album où l'on ne descend plus en dessous de 160 bpm. Vivement déconseillé aux puristes de la " lenteur dub ", tous les autres peuvent sauter dessus mais pas à pieds joints ! 
(High Tone " Reprocessed #1 "/Jarring FX). 

         On essaiera d'amadouer les dits puristes avec peut-être la plus belle des plaques laissées par les lyonnais, un split cd réalisé en compagnie des angevins de Zenzile. La chaleur et le côté plus roots de ces derniers font bon ménage avec le traitement électro, les samples et les effets de studio injectés par High Tone. Une belle réussite qui n'a rien à envier aux grandes pointures dub 
(Zentone " Zenzile meets High Tone "/Jarring FX/www.hightone.org). 

         Et sur ce, on se dit au revoir et à bientôt au rez-de-chaussée pour écouter et reparler de tout ça.

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17 janvier 2007

Chronique : Opak, Ufomammut

* Article paru dans le bulletin de la zone (janv. 2007) *

Hello, 

         Après les excès en tout genre qui marquent généralement les fêtes de fin d'année, on vous propose à la distro un menu tout light (2 services et c'est tout) mais qui ne manque pas de saveur. Remontons d'abord à la dernière soirée Honest house qui avait lieu le 11/10 et qui se clôturait par un live d'un duo suisse nommé Opak. Ce fut une très bonne surprise qui se confirme à l'écoute de leurs enregistrements à mi-chemin entre l'electronica et le post-rock. On y trouve notamment des beats hip-hop, des rythmiques jazzy et d'autres plus accidentées. L'important étant qu'un vrai batteur est de la partie à côté des programmations rythmiques et de son complice guitariste/bassiste.Truffé de sonorités électroniques, leur album est un voyage en eaux paisibles mais pouvant aussi se montrer plus agitées lors de passages expérimentaux comme ces brouillages de fréquence radio où vient s'inviter feu l'ami Joe Dassin supplanté par des boucles drum'n'bass filtrées. Les remous les plus forts survenant en fin de périple avec de belles envolées noise/psyché. (OPAK " Two sleepwalkers on a tight-rope/Creaked recswww.opakmusic.com).

         Et puisqu'on parle de psyché, continuons sur notre lancée mais en abordant la chose par son versant le plus sombre viaUfomammut. Ça se passait fin septembre grâce au collectif Malleus issu du nord de l'Italie et qui emplissait nos murs de sons mais aussi d'affiches superbement réalisées (probablement l'une des plus belles expos qu'on ait pu admirer au rez de chaussée). Ufomammut c'est un nom qui en dit long si l'on prend la peine de le décortiquer. Ufo=Ovni (in ingliche) souligne le côté psyché et planant. Mammut=grosse bête préhistorique qui fait largement son poids et est capable d'écraser tout sur son passage. Voilà le style du groupe synthétisé dans son nom.Torturé, lourd, psychédélique et stoner avec une petite touche d'indus spatial grâce aux grosses nappes de synthés... alors qu'est-ce qu'on attend pour faire la fête? D'avoir vu le dvd qui accompagne ce cd où le collectif Malleus s'en donne à cœur joie dans des visuels hyper trippants! Là mes amis le décollage est garanti, vous atterrirez quand vous pourrez. C'est évidemment le " maître achat " de ce mois à la distro (UFOMAMMUT "Lucifer songs"/Supernatural cat/www.ufomammut.com). 

         Au plaisir de vous y croiser pour discuter de tout ça. 

         p.s.: petit erratum par rapport à la chronique distro de décembre, il semblerait que le correcteur orthographique ait pris la liberté de modifier un peu le texte tapé. Il fallait lire concernant le split TMIBH/Fatal flying guiloteens "la tension monte d'un cran et le r'n'r se fait plus brut, plus hardcore même si on a droit à une reprise de Devo" (et non pas hardware ni Devos). Un peu plus loin "une veine noise rock qui pourrait faire penser à Kepone" (et non pas Kepler)

17 décembre 2006

Chronique : Le Prince Harry, This Moment in Black History

* Article paru dans le bulletin de la zone (déc. 2006) *

C'était un soir d'octobre. Un soir où manifestement il se passait pas mal de choses à Liège une fois de plus. Et c'est donc devant un public clairsemé que se produisirent This Moment in Black History invités par nos amis les frères Plastic. Quelle bonne idée que de nous avoir fait découvrir ce quatuor explosif qui nous ont laissé de bien belles pièces cd et vinyle à des prix imbattables au point qu'en venant y jeter un coup d'œil dans notre bonne distro vous pourriez croire à une erreur d'étiquetage mais il n'en est rien. Pointons d'abord l'album " Midwesterncuttalistick " gorgé d'un rock'n'roll vivifiant, rebondissant, délivré par une section rythmique black (peu courant hein?), un guitariste et un chanteur bien allumé à la voix très expressive qui utilise sporadiquement et de manière assez bruitiste un clavier analogique. C'est très rock'n'roll tout en tirant sur le punk, ça dégage un bon groove sans pourtant être vraiment dansant, y a un petit côté écorché emo dans la voix sans tomber dans les clichés du genre. Bref du tout bon (This Moment in Black History "Midwesterncuttalistick "/Version city records). Sur le split que TMIBH ont réalisé en compagnie de Fatal Flying Guiloteens, ça se corse. La tension monte d'un cran et le rock'n'roll se fait plus brut, plus hardware même si on a droit à une reprise de Devos bien cintrée tout de même. Leurs potes de FFG, on les situera plus dans une veine noise rock qui pourrait faire penser à Kepler ou d'autres groupes ricains ayant foulé les planches de la Zone dans la seconde moitié des années 90. On n'y perd donc pas au change à part peut-être au niveau de la production un peu faiblarde (This Moment in Black History & Fatal Flying Guiloteens "s/t "/GSL). Et en parlant de production, c'est l'infatigable Steve Albini qui s'est occupé d'enregistrer la dernière plaque de TMIBH. Je ne suis pas sûr que faire appel à lui soit la meilleure idée qu'ils aient eue, à moins qu'ils n'aient voulu ce son plus ramassé, plus brouillon. Ce qui est sûr c'est qu'ils ont grimpé dans les tours minutes pour arriver à des compos nettement plus punk/hc que sur les deux autres plaques dont on vient juste de causer. Dommage car on y perd en nuances, le résultat étant tout de suite plus monolithique malgré un très bon final. Bref ce disque n'est pas mon favori des trois mais ce sera peut-être le vôtre, qui sait? (TMIBH " It takes a nation of assholes to hold us back "/Coldsweat records). 

         Par contre une plaque que je peux sans hésiter placer parmi mes favorites du moment c'est celle du Prince Harry. Ce trio liégeois est une des meilleures surprises à nous être tombée sur la tronche ces temps-ci! Foulant les scènes de notre belle région et plus si affinités, ils empoignent guitare, basse, batterie, synthés (dont un bon vieux Korg analogique mmmh...) pour ressusciter, réinventer un electro-punk de la meilleure eau où se croisent un tas d'influences bien recommandables qui ne manquent pas de titiller nos oreilles et d'interpeller notre mémoire musicale. Mais alors serait-ce juste une banale opération de recyclage que tenterait le Prince Harry?!? J'en doute car les 11 titres que l'on trouve sur cette démo transpirent la spontanéité, le côté qui vient des tripes et qui ne trompe pas. Ils peuvent même se permettre un titre en français ou une reprise de Warsaw (pré Joy Division), ça tape dans le mille. Et le chant (souvent le point faible des groupes " locaux ") est aussi convainquant que l'instrumentation, alors que demande le peuple mon bon prince? Ecouter, voir et toucher cet objet de convoitise? C'est tout à fait possible, il suffit de passer par notre distro au rez-de-chaussée les soirs de concert, alors à bientôt! (Le Prince Harry " s/t ").

17 novembre 2006

Chronique : Le Grand DVD, Ned, Mary Poppers, Aghostino

* Article paru dans le bulletin de la zone (nov. 2006) *

Nous revoici pour une nouvelle chronique distr'oï après une brève absence dans le bulletin précédent. 

         Commençons donc par un dvd et pas n'importe lequel puisqu'il s'agit du grand dvd sorti par l'équipe du M.A.O. ! Petit rappel pour ceux qui lisent le bulletin en diagonale ou pour les distraits, il existe depuis un peu plus d'un an à la Zone un atelier médias assistés par ordinateur animé et/ou " squatté ' par une poignée de motivé(e)s désireu(ses)x d'apprendre ensemble et d'échanger leurs savoirs respectifs dans ce domaine. Afin de partager leurs travaux et expérimentations diverses, ils ont donc compilé sur ce dvd quelques extraits de concerts et autres clips filmés dans des endroits aussi exotiques que la Zone, le Carlo Levi, le Color café ou encore la Brasserie Caracole (si,si). L'occasion donc de retrouver l'inénarrable Colonel Bastard et son micro baladeur, Kania Tiefer, Two-Star hotel dans un remix spécial M.A.O., le Prince Harry fait comme un rat, l'excellent duo féminin Sleepy Lily, The Elektrocution ou encore Anarchaos dans une de ces bombes idéologiques anti-capitalistes dont lui seul détient la formule. Tout cela et plus encore présenté par les animateurs/participants de l'atelier avec tout le sérieux et la rigueur que cela implique (j'en vois qui doutent...). Bref une sympathique initiative d.i.y. à soutenir (" LE GRAND DVD 1 '/www.lazone.be/mao). 

         Tout autre chose maintenant avec la nouvelle garde de la scène noise française, une scène toujours bien vivante comme à Lyon avec le label S.K. records qui nous avait déjà amené des groupes comme Kabuki Buddah, Junior Merril ou encore Bananas at the audience. Ici on va s'attarder sur 2 groupes du label. Tout d'abord Ned, venus nous rendre visite début septembre qui nous ont laissé du cd et du vinyl (avec beau poster + single " radio edit ' en bonus). Le trio dégage une énergie assez explosive dans des morceaux tout en cassures et en accidents voire même en accélérations rythmiques. Le tout dans un esprit bien plus festif que cela n'en a l'air de prime abord. Quelques morceaux sont plus carrés et on a droit (décidément c'est dans l'air du temps) aussi à un track disco/new wave qui évoque leurs potes de Laurence Wasser. (NED " Rien,merci '/S.K./JRwww.skrecords.org). 

         Ensuite les Mary Poppers, plus posés que leurs collègues ? C'est ce qu'on pourrait penser par moment en entendant ici une clarinette et là une voix qui déclame presque, mais attention la frénésie guette via des rythmiques trépidantes ou des délires vocaux étranglés. Disons qu'ils savent faire la part des choses entre moments chaotiques et passages plus " souples ' mais tout ça n'est peut-être qu'une ruse pour mieux vous entraîner dans leur univers de barges. Venez mater la pochette à la distro, ça vous en donnera un petit avant-goût (MARY POPPERS " s/t '/S.K./www.marypoppers.fr). 

         En parlant de pochettes, le label S.K. ne manque pas d'humour en utilisant les tronches peintes de Jean-Michel Jarre, L'abbé Pierre, j'en passe et des meilleures pour emballer leurs productions vinyl. Avis aux amateurs donc ! 

         Tout petit retour en arrière, je vous parlais du concert de Ned début septembre en ouverture duquel on a pu apprécier Aghostino qui nous a laissé une carte de visite sous forme d'un cd deux titres bien tapé dans un registre plutôt noise/emo. Chant à 2 voix (plaintives ou hurlées), rythmiques appuyées et lignes mélodiques qui tirent en général les compos. Des compos qui lorgnent aussi vers le post-rock, math-rock ou autre étiquette de votre choix évoquant ruptures de rythme et structures évolutives (AGHOSTINO " s/t '/ aghostino.free.fr). Voilà pour ce mois-ci, comme d'habitude rendez-vous au rez de chaussée pour écouter et zieuter tout ça lors de prochains concerts.

17 septembre 2006

Kronik

* Article paru dans le bulletin de la Zone (sept. 2006) * 

Hello vous toutes et tous ! 

         Bien profité des vacances ? Prêts à replonger dans les bacs orange à la recherche du disque ou du livre qui va titiller vos neurones ? Comme c'est la rentrée, on va démarrer léger avec une petite sélection de cd. 

         Le premier nous avait été déposé lors de L'Audiotraumatour en avril dernier quand notre salle avait accueilli ces activistes alsaciens de la scène electro-indus pour une soirée qui avait fait grand bruit même si vous n'étiez pas assez nombreux à l'entendre. Sonic Area c'est le nom du projet du co-fondateur du label Audiotrauma qui nous plonge dans une electro assez variée alternant lourdeur et légèreté, grisaille et ambiance plus aérienne à l'aide d'un sampler et d'une boîte à rythme. Le résultat est vivant, pas du tout figé et riche en ambiances cinématographiques. Scorn, Autechre, Skinny Puppy, Imminent, David Lynch voilà quelques-unes des références de Sonic Area qui devraient vous aider à mieux cerner la chose. Vivement recommandé aux amateurs d'electro-indus relativement tempérée (Sonic Area"Insensé" / Audiotrauma / www.audiotrauma.org). 

         Et on passe à quelque chose de tout à fait différent avec nos amis flamoutches de Rencontrez l'Amour (vus à la Zone et au Carlo), un très chouette quatuor instrumental à fond dans le surf rock mais qui évite de ressasser les clichés du genre là où d'autres s'en contenteraient. Eux n'hésitent pas à descendre de leur planche histoire de puiser des influences à gauche et à droite, dans la noise mais aussi (et principalement) le punk, ce qui les fait parfois sonner comme les Dead Kennedys à la plage mais sans Biafra of course. On sent que leur passé dans des groupes de différents styles (punk, grunge, death) leur a ouvert l'esprit au point qu'on a même droit à un final assez expérimental ambiance spatiale et tout et tout. Si on les laissait faire ils s'adonneraient même au post-rock les bougres (Rencontrez l'Amour "Born of punk and reverb" / Emma records / www.rencontrezlamour.be). 

         Post-rock, voilà une étiquette que l'on pourrait coller aux Américains d'Ostinato venus visiter notre salle en mai dernier, mais ce serait facile et réducteur car leur musique balaie un spectre bien plus large. Psyché, noise, majestueuse et planante mais pouvant aussi s'emballer dans des accélérations et des envolées épiques, elle est l'œuvre d'un trio capable de varier les ambiances sur cet album 7 titres au son très ample, riche en réverb et en écho qui vous aideront à échapper à la gravité terrestre... Je ne vous cache pas que je craque complètement pour ces atmosphères spatiales qu'ils savent si bien installer. Ce sera d'ailleurs mon coup de cœur de cette rubrique ! (Ostinato "Chasing the form" / Exile on Mainstream records/ www.ostinatoproject.com)  

         Et c'est déjà tout pour ce mois-ci . 

         On se retrouve au rez-de-chaussée pour zieuter et écouter ça ?

16 juin 2006

Kronik

* Article paru dans le bulletin de la zone (juin 2006) *

Oyé amis, une fois n'est pas coutume, ouvrons ces news avec plein de lecture. Tout d'abord le dernier My Way (cf. soirée et expo du mois passé) ayant pour thème " Rock'n'love " avec au sommaire tout un tas de talentueux crobardeux tels Mimi Trailette et son sex karaoké, Hurricane Ivan et l'histoire de Brian Jones tombeur jusqu'au tombeau, Beltran et sa rockeuse de tous les fantasmes, Matt et son rockeur loveur, Alexis Allard et ses délirants Schtroloveurs et même notre P'tit Marc dans ses déboires amoureux. Ne le loupez pas puisqu'il s'agit du toutou dernier numéro :-( (My way #8 / Valice Production). 

         On poursuit avec le dernier Mycose qui a valu à ses auteurs d'être primé au festival d'Angoulême, la Mecque pour les jeunes (ou moins jeunes) dessinateurs en quête de reconnaissance. Chapeau bas donc à P'tit Marc en direct du stade, Gomé sur ses chiottes spatiales, Gof et son raton nageur, les hilarants Hugo & Lem et leurs super héros bien décalés, Marcel Ruijters et son bad trip mystico-religieux ou encore Phil et ses jolis contes de la forêt. La fine équipe liégeoise semble avoir bien trouvé ses marques entre tranches de vie, essais poétiques, touches surréalistes angoissantes et purs délires humoristiques. Bon vent à eux (Mycose #18 / Mycose comix factory). 

         Autre zine liégeois que l'on aime bien, Détruitu se fend d'un numéro spécial " Poubelicité " histoire de rappeler combien la pub nous pollue au quotidien. Qui s'y colle ? Jam plus Blanquet que nature, Burt bien gore avec son trait dur et clair, Aurélie William Levaux qui insiste sur la joie d'acheter, Le prof Nikko et le Dr. Dish qui nous donnent une bien belle leçon de vie et Rastaraf emballe le tout dans une chouette couverture dont il a le secret. Le résultat est inégal mais souvent sympathique et amusant. Continuez les amis ! (Détruitu #4). 

         Qui peut me dire le point commun entre Mycose et Détruitu ? Il y en a au moins un(e) et elle s'appelle Aurélie W.Leveaux. Elle publie également en solo ses recueils d'histoires composées de quelques pages en noir et blanc excepté pour l'une d'entre elles ou apparaît la couleur. Mais c'est plutôt la noirceur qui habite ces planches troublantes. Elles révèlent un univers de fantasmes, d'angoisses et de doutes qui semblent typiquement féminin. La transformation, maturation et mutilation du corps (règles, grossesses), la peur de perdre l'autre, de ne pas être écoutée et aimée en sont quelques exemples. Le tout baigne dans une ambiance assez glauque mais très poétique et (faussement) naïve, on croirait avoir à faire à l'œuvre d'une petite fille révoltée ou déboussolée face à la femme qu'elle est devenue. Un régal de poésie douce-amère assez dérangeante pour lecteurs avertis (Aurélie W.Leveaux " Sehnsuch nach der ersten liebe " - " Abandon " / Mycose comix factory). 

         Assez pour les yeux, en voici pour les oreilles maintenant avec Doog, sympathique duo aperçu en mars dernier au concert Between Brackets. Un mec à la guitare, une nana à la basse et tous deux s'occupent de samples. Le résultat est groove mais tirant sur le rock avec quelques interventions vocales sous forme de textes récités, de cris voir de chœur plutôt que de chant à proprement parler. Assez trépidant, le rythme se calme le temps d'un morceau plus dub quand ce ne sont pas des influences d'Europe de l'Est ou latino qui apparaissent. A l'arrivée, un album bien agréable qu'on peut aussi bien écouter chez soi que pour chauffer la piste (Doog " sous la lampe " / Toones prod /www.doog-toones.com). 

         Tout autre chose à présent avec les Italiens de Super Elastic Bubble Plastic qui ont foulé nos planches en février dernier lors de la soirée Halfway To Hell 333. Ils ne ménagent pas leur efforts pour nous balancer un rock assez dynamique, tendu et rebondissant aux accents bien emo, bien foufou à part sur " Sisters " morceau plus bluesy où s'invite un saxo. Au jeu des familles ce seraient les cousins latins de groupes tels Jesus Lizard ou Kepone sans aller jusqu'à la même complexité technique qu'on retrouvait parfois chez ceux-ci. Vous voyez le genre ? Sinon passez et on vous fera écouter (Super elastic bubble plastic " The swindler " / Redled records /www.superelasticbubbleplastic.net). 

         Profitez de ce mois de juin, dernier mois d'ouverture pour la distro comme pour la Zone. C'est le moment de venir découvrir tout ce que vous avez négligé durant l'année histoire d'avoir de bonnes galettes à vous mettre dans les oreilles ainsi que de beaux livres et zines à zieuter pendant la trêve estivale. 

         Ciao et bonnes vacances ! 

         Phil Distreau

16 mai 2006

Kronik

* Article paru dans le bulletin de la zone (mai 2006) *

Commençons tout d'abord par réparer un petit oubli, car on était tellement absorbés dans l'écoute contemplative de la dernière sortie du label Fario qu'on en aurait presque omis de partager notre intérêt pour celle-ci. Pour rappel, Fario n'est autre que le pendant discographique des éditions Jeunes Garennes qui publient annuellement l'excellent fanzine Feardrop. Cette dernière sortie réunit, comme d'habitude sous forme d'un split cd, Christian Renou et Troum. Le premier dépeint ici des paysages " musico-naturalistes " riches d'une vie subaquatique grouillante ou légère comme l'air, céleste, à l'aide de vagues, bouillonnements, souffles ténus, sifflements et autres tintements métalliques. Les seconds étoffent ce langage abstrait par un jeu sur les échos, de superbes nappes et quelques voix spectrales. L'ensemble se clôt sur un très beau morceau de Troum où des percus tribales inlassablement répétées soutiennent de profondes nappes ambient et des cordes délicatement frottées. Une vraie perle en matière de dark ambient essentielle et loin de tout cliché. L'objet est emballé sous format A5 et magnifiquement illustré par Denis Boyer, rédac' chef du Feardrop. (Christian Renou/Troum " Dissolution " / Fario /www.troum.com). 

         D'autres choses encore avaient été mises de côté en attendant de pouvoir vous les proposer. Cela remonte au concert de Kaly Live Dub il y a déjà une bonne année où ceux-ci n'étaient pas venus les mains vides. Qu'avaient-ils dans leur besace ? Non seulement leur album " Hydrophonic " déjà chroniqué en son temps mais aussi un beau digipack orange reprenant 2 maxis et 3 autres tracks dont notamment un inédit. On y trouve donc des remixes de High Tone, Crystal Distortion (d'n'b) ou Pushy! (ancien V.R.P. et précurseur breakbeat/breakcore en France) mais aussi des collaborations avec Rod Taylor, vétéran jamaïcain vieil habitué des soundsystems. C'est pas compliqué y'a rien à jeter et en plus le visuel de ce disque est super trippant, donnant un aspect vivant aux machines, circuits et autres transistors et illustrant de la sorte à merveille la musique du crew (Kaly Live Dub " 3 maximal overdubs " / Dub Dragon /www.kalylivedub.com). 

         Même design pour HybridSoundSystem composé du batteur et du manipulateur de samples du dit crew et même niveau de qualité au rendez-vous. 9 titres qui oscillent entre la dub, l'électro, l'ambient et le psyché. 9 titres truffés d'effets en tout genre et de samples à profusion sous forme de dialogues, de boucles ou de nappes. 9 titres disposés selon une progression en BPM de manière à démarrer dub down tempo pour en arriver aux 3 derniers tracks drum and bass bien dynamiques. Au finish, c'est un parcours sans faute que nous propose cette atypique soundsystem (HybridSoundSystem "Synchrone " / Soundsaround /www.soundsaround.net). 

         Et pour clôturer en beauté, on retourne aux origines du label Soundsaround via la première plaque sortie par celui-ci en éclaireur de leur style " electronik et dubadelik ". 16 titres où la dub et l'électro sont fortement empreints d'un parfum de psychédélisme. Des sonorités chaudes et organiques, profondes et démultipliées par les échos et les réverbs. Soundsaround dessine le futur (présent ?) de la dub via un métissage avec de multiples influences comme les labels Warp, Ninja Tune, Anticon ou les artistes Dj Krush, Big Audio Dynamite, The Prunes,... Une fois de plus, un genre musical trouve des nouveaux débouchés par le mélange et la fusion, so open your mind chers lecteurs ! (Various " Dub excursion " / Soundsaround /www.soundsaround.net).

16 avril 2006

Kronik

* Article paru dans le bulletin de la zone (avril 2006) *

  Et nous voici repartis pour un petit tour de piste avec arrêt obligatoire dans les stands! Quels stands? Les stands distro évidemment... 

         Ceci étant dit, on déroule le tapis (volant) rouge pour vous présenter le coup de cœur de ce mois-ci sous la forme de deux cds pleins à ras bord d'un post rock/out rock du meilleur goût. Le premier contient en son titre une anagramme renvoyant à un groupe culte d'un passé pas si lointain (la vague shoegazer fin 80's/début 90's) qui préfigurait déjà 10 ans à l'avance le post rock avec des morceaux lents, plutôt longs et très planants. On y retrouve ce genre de climats généralement calmes bien que ponctués de vagues de noise atmosphérique sans oublier les passages plus expérimentaux. Les pédales d'effet sont utilisées à bon escient et on ne s'étonnera pas de l'absence de chant permettant à chacun de projeter son imagination dans des compos aux noms évocateurs. Seul petit bémol, l'usage quasi exclusif d'une boîte à rythmes donne par moment une relative rigidité à certains titres (Next Exit To Nowhere "Slow Songs For A Love Dive" / Interstellar Rec.). 

         Mais que cela ne gâche pas votre plaisir ni votre envie d'aller plus loin (plus haut!) avec le second cd de nos liégeois dont il est ici question. On ne change pas les ingrédients décrits plus haut mais le son est plus clair, plus travaillé, donnant davantage de profondeur à l'ensemble. Ne reste plus qu'à voir le résultat en live si ce n'est déjà fait (Next Exit To Nowhere «Ego To Echoes» / Interstellar Rec.). 

         On ne quitte pas tout à fait le post rock mais dans une version bien énervée, bien noise, via la bonne surprise que notre pote Julien "Heart On Fire" a amené en nos bacs, le dernier 9-titres des bourdonnants français de Bumblebees. Mon p'tit doigt ainsi que le nom du label me disent que l'on peut aussi parler de (scr)e(a)mo en entendant l'alternance de voix claires et mélodieuses et de hurlements déchirants. La rythmique est sèche, bien claquante et les riffs sont tendus comme le climat qui règne sur beaucoup de morceaux. Parfois aussi cela s'apaise et un saxo ou un accordéon pointe le bout de son nez quand ce n'est pas une voix qui se risque à une déclamation surréaliste et en français dans le texte. Un excellent disque copyleft (dont la copie et la redistribution sont encouragées dans un certain cadre) qui prouve que l'on peut encore évoluer dans le post rock ou l'emo et être encore original (Bumblebees "Cissetive" / Emolution / www.bumblebees.new.fr). 

         L'originalité n'est sûrement pas le but ultime des Parisiens de Crash Normal mais plutôt la prise de panard grâce à la pratique d'un rock'n'roll garage bricolo et bien déjanté, au son crapuleusement crade à rendre malade tout ingénieur du son non averti. Dans leur zique se croisent le fantôme de Jon Spencer, des voix et des riffs passés à la fuzz extrême qu'on croirait enregistrés dans une ruche, des beats electro ou humains, un vieux Korg analogique et une bonne dose de délire. Comme ce morceau intitulé "Maximum sound quality" (sic!), ces samples de baston ou le délirant "Je saigne" avec ses monster vocals. De plus, ces zozos ont non seulement déposé plusieurs cds de Crash Normal mais aussi de The Normals, autre émanation de leur cerveau de malade, donc si t'en veux y'en a! (Crash Normal "Heavy listening" / Byte Burger rec. / http://crashnormal.free.fr). 

         Mais pour l'heure, on en reste là en vous promettant de parler de tout ce qu'on a oublié (My Way, Detruitu, C.renou/Troum du label Fario,...) dans les prochaines distronews. 

         D'ici là, écoutez, lisez, regardez et portez-vous bien. 

         Phil Distreau

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