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La Distro de la Zone
27 décembre 2008

Chronique : Abus Dangereux, Hey Colossus, Ultraphallus, Ramon Zarate

* Chronique parue dans le bulletin de la zone (déc. 2008) *

Peut-être aurez-vous constaté l'absence de chronique distro dans le précédent bulletin?

Une irrégularité dû à un manque d'inspiration et de motivation qui me pousse à nouveau à lancer un appel à d'éventuels chroniqueurs en herbe.

Vous souhaitez partager votre passion pour un disque, un livre ou un fanzine dans ces ces colonnes? Il suffit de m'écrire à l'adresse suivante : [distro at lazone.be ]

Ceci étant dit, qu'est-ce qu'on vous a débusqué de bon ce mois-ci? Tout d'abord du local, avec Ramon Zarate, qui commence à convaincre de plus en plus de public avec leurs concerts. Pourtant, lors de l'un de ceux-ci, ils ne m'avaient pas laissé une impression mémorable tant j'avais du mal à les distinguer de la masse des autres groupes stoner anciens ou actuels. A la réécoute je me dis que d'un autre côté ils n'ont rien à leur envier non plus. Bon niveau technique, compos carrées et nettes, rythmiques bien en place, voix rauque à souhait et excellente production pour un premier album. Au bout du compte on peut dire que ça sonne et que ça drive mais ça ne gâcherait rien si ils avaient eu la bonne idée de rajouter un orgue/clavier par ci ou une guitare à l'envers par là, ce genre de fioritures qui distrait l'oreille et rafraîchit l'écoute au bout d'un moment. A (re)découvrir ici- même le 05/12 ou encore au Pot au Lait le 31/12 (Ramon Zarate "s/t" / RZP /www.myspace.com/ramonzarateband).

Et que font le bassiste et le guitariste des Ramon quand ils s'ennuient? Des grilles de Sudoku? Nenni, ils prêtent main forte à Ultraphallus! Ça tombe trop bien puisqu'on allait justement vous parler du dernier album d'Ultraphallus délicatement enveloppé dans une pochette au goût franchement douteux (pelotes de laines et tricot...) quoique partiellement assumé. Par contre, je me demande si le groupe assume vraiment sa prédominance metal au vu de l'étiquette "hypnotic noise rock" de laquelle il s'affuble. Si je ne conteste pas le côté hypnotique et noise de leur musique, j'aimerais par contre qu'il soit mis plus en avant comme sur "Clever worm" incontestable pic de l'album et longue plage lancinante, hallucinée d'où s'échappe un saxo légèrement dissonant. Ailleurs, c'est quand même le metal qui l'emporte même si cela ne manque pas d'intérêt, de surprises et de contre-pieds comme ce "Thrombosis" qui s'arrête alors qu'il vient juste de démarrer après une longue intro. Idem pour ces petites boucles de musique classique insérées ça et là de manière assez incongrue. Rien d'étonnant, ceci dit, quand on connaît le Maggi (crieur en chef) et son goût pour l'absurde et la manipulation de fragments musicaux de ce type comme en atteste son projet solo (Ultraphallus "The clever"www.ultraphallus.be).

Et si vous étiez présents au dernier concert zonard des Phallus, peut-être aurez-vous, vous aussi, été atomisés par les anglais de Hey Colossus qui assuraient la tête d'affiche les doigts dans la prise. Ça s'annonçait fort bien et on n'a pas été déçu par ce furieux sextet maniant guitares, basse, batterie, chant et machine et ayant déjà collaboré à des split cd en compagnie de Todd ou Part Chimp. Leur album est crade, viscéral, sans compromis et noise d'un bout à l'autre. A croire que le producteur (probablement un membre du groupe) chargé d'enregistrer ça était à moitié sourd et aveugle ("J'avais pas vu que ça allait dans le rouge!") ou plutôt qu'il se foutait éperdument de savoir si ça allait passer en radio ou même plaire à quelqu'un. Se fiant probablement à leur instinct et mû par un jusqu'au boutisme sonore impressionnant, Hey Colossus se joue des étiquettes (noise,indus,sludge,...) et nous laisse sur les genoux, bouche bée, les oreilles qui sifflent et l'œil hagard au bout de 8 morceaux, soit 46 minutes dévastatrices. Un seul mot à adresser au collectif Live Till You Die nous ayant permis d'assister à cette intense expérience. Encoooore! (Hey Colossus "Happy birthday" / Riotseason / www.heycolossus.com )

Un peu de lecture maintenant avec le fameux fanzine Abus Dangereux de retour dans nos bacs après une longue absence. Véritable survivant du fanzinat français, Abus compte plus de 20 années d'existence (si si, j'ai vérifié!), toujours bon pied bon œil, quasiment exempt de pub, avec une couverture couleur et un cd sampler. C'est sûr que la ligne éditoriale s'est bien assouplie mais il n'y a pas de miracle, on ne peut tenir aussi longtemps en se cantonnant à l'underground pur et dur. Au sommaire du n°104 entre autres: retrouvailles avec And Also The Trees, Vic Chesnutt (bof, sur le cd on dirait Cat Stevens), les zozos de Stereo Total et les punks frenchie de Hate Pinks qui racontent leur tournée londonienne anglaise. De bonnes découvertes aussi avec Six Organs of Admittance (alias l'américain Ben Chasny) et son folk psyché électrique ou encore Winter Family duo franco-israélien installé à Paris et qui pratique une musique d'une beauté étrange pour qui prend la peine de s'y immerger pleinement. Dépouillée, profonde et empreinte d'une atmosphère quasi mystique, elle prend vie avec quelques orgues, harmoniums et autres claviers atypiques ainsi qu'une voix mystérieuse qui déclame en français et en hébreu. A des années lumières de ça, ce sont les bouffons de Turbo Negro qui font la couverture avec leur look à mi-chemin entre NY Dolls et Y.M.C.A. Pour ceux qui ne les connaissent pas bien, il faut absolument lire leurs frasques en interview, travail des zygomatiques garanti. Par contre leur zique me paraît dispensable, sorte de glam rock moderne(?) et peu finaud, ils ont d'ailleurs déjà assuré la première partie de Marylin Manson... ça en dit long bien qu'apparemment leur passé est nettement plus r'n'r (Abus Dangereux n°104 /www.abusdangereux.net).

Et quand rock & bd s'associent ça donne un cocktail détonnant comme le prouve cet autre numéro d'Abus où certains manient la gratte, d'autres le pinceau ou le crayon alors que d'autres encore préfèrent ne pas choisir. On y trouve un solide dossier consacré notamment à Gilbert Shelton (Freak Brothers), Dan Clowes (illustrateur de pochettes et d'affiche), Morvandiau (qui au passage livre un témoignage édifiant sur la dure loi de la presse), Chauzy, Taga (la petite héroïne chieuse qu'on adore et dont le succès est indéniable), l'incontournable Margerin (Vous voyez Lucien et sa banane?), le non moins incontournable Chester (qui annonce pour 2009 un neuvième et ultime My Way ainsi qu'un prochain SpeedBall) mais aussi notre Jampur Fraize local. Mais les auteurs seraient bien isolés sans les éditeurs et les distributeurs pour les publier et les diffuser. Trois d'entre eux sont présentés en interview. Les Requins Marteaux, un éditeur incontournable responsable de nombreuses sorties dans le monde de la bd indépendante ainsi que de la revue Ferraille. La Mauvaise Réputation, une librairie-galerie bordelaise où l'on trouve littérature érotique, romans et bd gay/lesbiens, polars, fanzines et livres sur le graphisme. Last but not least, la Fanzinothèque de Poitiers, un endroit comme on en rêverait ici et qui rassemble 30000 zines différents! Imaginez 100 ou 200 flight cases remplis comme celui de notre bonne distro et consultables gratuitement (Abus Dangereux n°105 www.abusdangereux.net).

Bon en attendant d'aller faire un tour à Poitiers vous pouvez toujours venir nous faire un petit coucou au rez-de-chaussée les soirs de concert, on compte sur vous!

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